Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Programme d'ajustement structurel (PAS) - Comment Ouattara a détruit la Côte d'Ivoire

Publié le par arsenedogba

vendredi 1 Fevrier 2008

 

C'est le deuxième congrès ordinaire du Rassemblement des Républicains. Et si on se souvenait, en passant, du Programme d'ajustement structurel des années 80.

Le succès tant clamé par les militants du RDR pour leur mentor remonte aux années 1990. Le bateau Ivoire prenait de l'eau de toutes parts comme c'était le cas des pays issus de la périphérie du système économique international. Le président Houphouet, vieillissant et malade, ne maîtrisait presque plus les affaires de l'Etat.
C'est en ce moment qu'arrive Dr Alassane Dramane Ouattara sur la scène politique ivoirienne. Son rôle, conduire le Comité interministériel mis en place en 1990 par le président Houphouet sous la pression des Etats-Unis d'Amérique et des institution financières internationales (FMI, Banque mondiale). Mais quelle était l'origine de la crise qui frappait les pays en développement quelques décennies seulement après leur indépendance ? Et pourquoi les Etats-Unis et les institutions financières internationales ont-ils, par la suite, conditionné leurs crédits à la mise en place d'un Plan d'ajustement structurel dénommé le Programme d'ajustement structurel ou PAS ? Les réponses à ces questions nous permettront de connaître le véritable rôle qu'a joué le Dr Ouattara dans ce que nombre des chercheurs, dans ce domaine, qualifient d'arnaque des néolibéraux américains et britanniques aux pays en développement.
 

 

Nous retraçons brièvement cette histoire pour amener chaque lecteur à se faire sa propre opinion sur les années Ouattara et le Programme d'ajustement structurel à partir des origines du projet. Puisque ce programme rime dans l'esprit des militants du RDR avec leur leader, il est important pour nous de le présenter, ne serait-ce que succinctement, à l'ensemble des Ivoiriens pour faire leur propre bilan des années Alassane Ouattara. Etait-il positif ? Si oui, pour qui ? Pour le peuple de Côte d'Ivoire ou pour les capitalistes occidentaux ? C'est à la réponse à cette question que nous nous attèlerons à vous conduire.
 

 

Sans naviguer loin dans l'origine de la crise qui a conduit à la mise en place du PAS, sachons simplement qu'au lendemain de la Deuxième Guerre mondiale et à la suite de l'éclatement de la Guerre froide, d'énormes capitaux occidentaux ont été accordés aux pays nouvellement indépendants d'Afrique, d'Amérique du Sud et d'Asie. Officiellement, les institutions financières internationales leur faisaient ces prêts facilement pour la qualité des accords multilatéraux avec les pays du Sud. Mais, en réalité, c'était pour empêcher les nouveaux Etats de tomber sous l'influence communiste de l'Union soviétique. Mais l'incapacité de ces pays à payer leurs dettes allait servir, à partir de 1982, d'argument aux Américains pour mettre en place un plan de sauvetage sous le modèle néolibéral qui leur permettrait de créer les conditions de la présence de multinationales américaines dans les pays endettés. Parti d'abord de l'Amérique du Sud, le projet occidental progressa vers le continent africain en passant par certains pays d'Asie.
 

 

Le Programme d'ajustement structurel a donc été conçu par l'Administration Reagan avec l'appui du gouvernement Tchatcher, en Angleterre, pour permettre, entre autres, aux pays en développement de minimiser les charges de l'Etat dans la gestion de leur économie en libéralisant leurs secteurs clés. En somme, il était destiné à intégrer, au profit des Américains principalement, l'économie mondiale.
 

 

C'est à travers les institutions financières internationales telles que la Banque mondiale et le Fond monétaire international (pour ne citer que ces deux) que les néolibéraux du Nord ont imposé ce plan aux pays du Sud. Comme le réclamaient les Américains, pour obtenir un crédit auprès de ces institutions, le pays demandeur devait se soumettre aux conditionnalités attachées à l'offre. Reformer complètement sa politique économique. Les institutions de Bretton Woods (agents primaires) essentiellement ont, par la suite, créé des agents secondaires? pour travailler en leur nom dans les pays en développement.
 

 

En Côte d'Ivoire, par exemple, l'économiste Alassane Dramane Ouattara, ancien fonctionnaire au FMI et actuel leader du RDR, jouera ce rôle d'agent secondaire? pour le compte des capitalistes occidentaux. En effet, dès sa prise de fonction après la présidentielle de 1990, l'homme se livrera à la privatisation tous azimuts de la quasi-totalité des secteurs stratégiques de l'économie ivoirienne. Le bilan de son passage à la Primature donne, selon l'étude du Center for economic and policy reasarch réalisée par Robert Neimann et Neil Watkins, les indices suivants : Pour la première période (1990-1993), le Programme réclamait la réduction substantielle des dépenses de l'Etat à hauteur de 30%. Dans la même période, une réforme structurelle a aussi commencé, incluant la privatisation des poumons de l'économie ivoirienne et la dévaluation du FCFA.
 

 

En ce qui concerne l'économie et le social, l'impact du Programme d'ajustement structurel a été très sévère en Côte d'Ivoire. Toujours pour la même période, le GDP, selon les indications des experts, a chuté de 15%. Au niveau social, l'indice de la pauvreté a doublé, avec le nombre de personnes gagnant 1 dollar par jour passant de 17,8 % à 36,8%. Selon la même source, à Abidjan, le taux de pauvreté est passé de 5% à 20% entre 1993 et 1995 (External Review, p 101).
 

 

L'impact de ce programme sur le système éducatif et la santé publique des Ivoiriens est plus qu'inquiétant et explique aujourd'hui leurs défaillances. Si les dépenses de la santé publique n'ont été réduites que légèrement, ça n'a pas été le cas pour l'éducation. De 1990 à 1995, le budget initialement alloué à l'éducation a été réduit de 35% et les salaires des nouveaux enseignants comprimés. Conséquence, l'enseignement dévalorisé et le déficit des enseignants devenu criant.

Voilà en substance ce qu'est le PAS que le leader du RDR avait fait sien quand il avait le contrôle de l'exécutif ivoirien de 1990 à 1993. Cependant, il nous semble que beaucoup de partisans du leader du Rassemblement des Républicains ne savent rien de ce bilan que les experts des institutions de Bretton Woods ont fini par désavouer. Ils parlent de succès là où les réalisateurs du projet anglo-saxon ont avoué leur échec.
 

 

Néanmoins, nous conviendrions avec eux s'ils arrivent avec nous à la conclusion que le travail de l'agent secondaire (Dr Allassane Ouattara) a été fait à la satisfaction de ceux pour qui il travaillait (les capitalistes occidentaux). Mais quant aux Ivoiriens, ils continueront de subir les conséquences de ce plan qui a servi de base à la nouvelle forme de globalisation qui n'est rien d'autre qu'une autre forme de néo-colonisation. En attendant d'approfondir ce débat sur les années Ouattara, nous voudrions faire savoir à tous ceux qui y trouvent intérêt que le Programme d'ajustement structurel a été une parenthèse difficile pour les pays en développement et leurs peuples. Pour la Côte d'Ivoire, se vanter donc d'avoir été partie prenante dans cette aventure qui a davantage fragilisé notre économie, détruit notre système éducatif et appauvrit les Ivoiriens serait faire preuve de mépris pour ce peuple.


Arsene DOGBA

gdogba@yahoo.co.uk

 

Diplômé en Relations Internationales et Sciences Politiques


Commenter cet article